Ce que l’étude du Céreq nous apprend… et comment les CFA peuvent agir
Un quart des jeunes sortis de formation initiale en 2017 a engagé une réorientation professionnelle dans les six premières années de vie active. Un chiffre qui interpelle… et qui invite à repenser notre manière d’accompagner les trajectoires. L’étude du Céreq, publiée début 2025, porte sur l’ensemble des jeunes sortis de formation initiale en 2017, tous niveaux et toutes voies de formation confondus (générale, technologique, professionnelle, scolaire ou en apprentissage). Elle ne cible donc pas spécifiquement les alternants.
Mais elle met en lumière un phénomène de fond : la réorientation précoce est devenue une réalité significative dans les parcours jeunes.
Ce constat doit interpeller les CFA pour deux raisons majeures :
> Mieux accompagner les apprentis en cours de formation dans leurs doutes ou leur besoin d’ajustement, pour éviter les ruptures.
> Accueillir davantage de jeunes en reconversion, issus de formations initiales parfois longues, et désireux de rebondir par l’apprentissage dans un nouveau domaine.
Ces jeunes en réorientation disposent souvent d’un bon bagage académique, de compétences transversales… et surtout, d’un vrai projet. Ce sont donc des profils à fort potentiel pour les CFA, à condition de les identifier, de les accompagner, et de leur proposer des parcours adaptés.
Constat : la réorientation en début de vie active est loin d’être marginale
Entre 2020 et 2023, 36 % des jeunes interrogés ont envisagé une réorientation professionnelle, et 24 % ont engagé des démarches effectives. Parmi eux :
- 93 % souhaitent changer de métier,
- 83 % changer de secteur d’activité,
- 50 % modifier leur statut (salarié/indépendant),
- et 33 % envisagent un changement de lieu de vie.
Il ne s’agit donc pas de simples ajustements mais, pour beaucoup, d’un changement de cap profond. Et ce mouvement concerne autant des jeunes en difficulté d’insertion… que des jeunes insérés et diplômés du supérieur.
Ce que cela dit de l’orientation : un processus à accompagner dans la durée
L’orientation initiale ne suffit plus : les jeunes testent, réévaluent, ajustent. Les raisons de ces bifurcations sont multiples :
- Recherche de sens (77 %),
- Attirance pour un nouveau domaine (84 %),
- Volonté de mieux concilier vie pro/perso,
- Difficultés d’insertion (chômage récurrent, précarité),
- Surcharge ou dégradation des conditions de travail, notamment suite à la crise sanitaire.
Ces données confirment que les parcours linéaires deviennent l’exception. L’orientation doit donc être pensée comme un accompagnement permanent, et non comme une étape unique en amont de l’entrée en formation.
Pour les CFA : 5 leviers pour sécuriser les parcours et accompagner les bifurcations
1. Renforcer l’accompagnement individualisé dès l’entrée en formation
Beaucoup de jeunes arrivent en CFA encore en phase d’exploration. Des temps d’échange réguliers, un référent de parcours accessible et formé à l’écoute, un bilan d’étape structuré… tout cela permet de prévenir les décrochages liés à une mauvaise adéquation entre projet et réalité du métier.
2. Valoriser le droit à la réorientation
Il ne s’agit pas d’un échec, mais d’un ajustement légitime. Les CFA peuvent faciliter les passerelles entre filières ou niveaux de qualification, en collaboration avec les branches et les entreprises. Mieux vaut accompagner un changement de projet que de le subir après un abandon silencieux.
3. Former les équipes pédagogiques à repérer les signaux faibles
Manque de motivation, retards récurrents, isolement… Ces signes peuvent traduire un malaise ou un questionnement. Former les équipes à les repérer et à orienter les jeunes vers les bons interlocuteurs est essentiel.
4. Mobiliser les dispositifs existants
La moitié des jeunes engagés dans une réorientation ont activé au moins un dispositif : reprise de formation, CPF, CEP, Mission locale, Pôle emploi…
Les CFA peuvent jouer un rôle de passerelle en facilitant l’accès à ces outils, notamment via un partenariat actif avec les structures du territoire.
5. Cibler les jeunes en reconversion comme potentiel de nouveaux candidats
Certains jeunes issus du supérieur, parfois diplômés, souhaitent donner une nouvelle direction à leur parcours. L’apprentissage peut être une solution concrète, professionnalisante et valorisante. Les CFA peuvent proposer des dispositifs d’accueil adaptés, des modules de remise à niveau ciblés, et une valorisation des acquis antérieurs.
En bref
La réorientation est une réalité de plus en plus fréquente.
Elle peut être anticipée, accompagnée et transformée en opportunité.
Les CFA ont un rôle clé à jouer pour faire de l’orientation un processus continu, respectueux des parcours, des rythmes et des aspirations de chaque jeune.
En intégrant pleinement cette logique dans leur mission, les CFA deviennent des acteurs de sécurisation des parcours et d’innovation éducative. Et Walt reste à vos côtés pour partager outils, témoignages, et ressources utiles à cette ambition.